Ce mardi 8 sonnait le coup d’envoi de l’année scolaire à l’ÎPÉ. Petit retour avant cela sur les jours précédents.
Vendredi 5, après ma journée de travail, nous sommes allés voir Charles jouer au baseball. Sport totalement nouveau pour moi, je ne m’y étais jamais intéressé et n’avais jamais cherché à comprendre les règles. C’est très technique, même si ça bouge finalement peu. Le match était tendu, et, après avoir manqué de peu un coup décisif, l’équipe de Charles a finalement perdu aux prolongations contre une équipe largement favorite sur le papier. La déception était grande.
Samedi 6 a été consacré au déménagement (je parlerai de la maison une autre fois, quand j’aurai moins à raconter). Nous avons pu compter sur l’aide précieuse de René (Merci !), qui est venu avec une remorque, ce qui nous a permis de ne pas démonter le lit et la table à langer de Raphaël. Cela nous a pris quand même quelques voyages supplémentaires avec la voiture, pour tout ce qui devait être déplacé avec un peu plus de délicatesse. Il fallait également installer les draps de lit, livrés la veille par Ikea. Bref, la journée y est passée.
Dimanche, nous devions faire quelques courses alimentaires (à peu près tout est ouvert le dimanche jusque 21h ici), puis celles pour le matériel scolaire. Un magasin spécialisé proposait tout ce dont les filles avaient besoin, la seule difficulté résidait dans la découverte d’un nouveau vocabulaire en français (les régions francophones d’Europe ne sont déjà pas d’accord entre elles… et qui savait ce qu’était un duo-tang ?), et anglais. Bref, la journée y est passée également.
Lundi, c’était férié. Du coup, tout était vraiment fermé. Nous étions invités à dîner chez Philippe et Nathalie. Deux mots sur eux pour ceux qui n’en ont pas encore entendu parler : installés au Canada depuis 6 ans maintenant, ils sont originaires du Luxembourg belge. Philippe est chauffeur poids-lourds et fait chaque semaine le triangle Île – New York – Toronto et retour à l’Île. Nathalie travaille au ministère des anciens combattants, à Charlottetown. Ils ont trois filles, Amandine, qui étudie à Moncton, Justine, à UPEI (l’Université de l’Île) et Marine, qui vient d’achever son secondaire. Ils ont tous depuis un an environ la nationalité canadienne. Ils avaient eu l’extrême gentillesse de nous accueillir chez eux il y a deux ans lors de notre premier séjour familial à l’île. Nous leur sommes infiniment reconnaissants, pour leur accueil et leur conseils pour notre installation. Cette petite pause en leur compagnie, dans notre rythme un peu fou de ces derniers jours, nous a a fait le plus grand bien.
Nous voilà donc à mardi 8, grand jour de la rentrée. Je suis parti tôt travailler. Nous faisons la route à trois, James, Sylvain et moi, depuis Charlottetown. Le trajet prend une petite heure, qu’on ne voit habituellement pas passer. Les paysages côtiers sont magnifiques, et nous ne manquons pas de sujet de conversation. Comme j’ai la voiture de location, c’est moi qui conduis. Nous devons arriver à 8 heures pour accueillir les élèves, qui se rendent directement en classe depuis leur autobus.
Celui de Juliette était prévu à 8h20, à trois cents mètres environ de chez nous. Un peu stressée, elle y est allée seule, car le bus d’Héloïse était prévu à la même heure devant notre maison. Juliette va à l’école anglaise Stonepark, en 9e année, et Héloïse à l’école française François-Buote, en 6e année. Nous étions prêts, tout était prévu.
Ou presque.
En fait, Juliette ne commençait pas l’école le mardi 8 mais le mercredi 9. Seuls les élèves de 7e année (la première dispensée dans cette école) commençaient le mardi 8. Voilà donc notre Juliette, dont l’expérience en anglais se résume à 4 mois d’apprentissage seule avec une (excellente) application sur son smartphone. Je dirais que son niveau doit correspondre à un niveau de milieu de 3e secondaire en Belgique. C’est très bien, mais assez peu quand il s’agit de se retrouver seule dans un milieu inconnu et devoir résoudre un problème pareil. Notre grande s’en est tirée comme un chef, s’est fait présenter l’école en visite guidée individuelle puis raccompagner à la maison par deux enseignants.
Bien sûr, une école ne prend pas la responsabilité d’embarquer un élève comme ça dans une voiture. Il faut une autorisation parentale. Comme Marie ne parle pas encore suffisamment anglais, Juliette leur a dit qu’ils pouvaient me téléphoner. Et a donné le nom de mon école.
Retour sur moi donc. Je suis en classe depuis moins d’une heure quand frappe à ma porte ma directrice… « Téléphone pour toi… je vais te remplacer, tu peux aller au secrétariat ». Arghhhhhh, maelström dans ma tête. Qu’est-il arrivé ? En plus, stress : nouveau job, nouvelle direction, nouveau pays, nouveau tout… et après une demi-heure, la situation que je ne souhaite à aucun enseignant même bien établi dans son école. « Urgent ? » – « Mmm, va quand même voir… ». Oups…
Pour faire bref, le coeur encore palpitant, je donne l’autorisation, je préviens Marie par message que Juliette va revenir et je cherche à me reconcentrer… pfiou ! Au final, ma journée se déroulera assez bien. Mes petits élèves, tous anglophones, sont désireux d’apprendre le français. Pleins de vie, il faut parfois canaliser leur impulsivité. Ici, les écoles ont été complètement arrêtées depuis le mois de mars. Pour les petits, le retour à l’école est source de stress, tandis que les bonnes habitudes et les règles scolaires un lointain souvenir… Il y a beaucoup à reconstruire. Je consacrerai une autre article au fonctionnement de mon école, et au milieu dans lequel j’enseigne.
Héloïse a quant à elle pris son bus devant notre maison, sans trop d’encombre. Voici une photo prise le deuxième jour.

Et oui, ce sont les fameux bus jaunes. Chaque élève est amené de chez lui vers son école. Les bus dépendent des « Pouvoirs organisateurs » dirait-on en Belgique. Il y a donc les bus anglais, les bus français, et tous (du moins pour la plupart), ne desservent qu’une seule école, primaire, intermédiaire ou secondaire. Le matin, Marie dit que c’est un balai incessant, qui donne l’impression de vivre dans un monde de jouets. Raphaël dormait, heureusement d’ailleurs, car s’il avait vu sa soeur monter dans le bus, nous n’avons nul doute qu’il eût voulu la suivre… Et s’il avait aperçu par la fenêtre un autre bus, forcément similaire,… je vous laisse imaginer la foire. Il aurait démonté la porte pour pouvoir la rejoindre.
Au moment où j’écris, Héloïse a donc fait deux jours à François-Buote. Certains points sont positifs, et d’autres vont nécessiter un peu d’adaptation. Il faut dire qu’en dehors de l’école (et parfois même dedans), les élèves entre eux parlent spontanément en anglais. Héloïse s’est quand même fait deux copines, dont une qui lui a gardé une place dans le bus le deuxième jour. C’est encourageant.
Juliette a finalement fait ses débuts aujourd’hui. Les premiers contacts avec les autres ne sont pas forcément faciles à cause de la barrière linguistique, mais ça ne s’est pas trop mal passé. Les jeunes canadiens ne sont pas les premiers à courir pour accueillir un nouveau, mais l’acceptent sans faire de problème ni poser de questions. On verra comment ça évolue dans les prochains jours, mais nous sommes sûrs que Juliette saura montrer ses qualités.
J’arrête là pour aujourd’hui, la semaine est encore longue, et pleines de défis !
Même mamy qui n’est pas fortiche en internet a trouvé 😉. …il suffit de taper duo tang et on tombe tout de suite sur les duos rangs proposés par le grand magasin Walmart !!! 😂😂😂😜
Bonne rentrée à tous ceux qui passent sur le blog et qui sont curieux aussi des commentaires
🤗🤗🤗
Sur Wikipedia :
Duo-tang
Un classeur à attaches ou reliure à attaches (en anglais duotang ou duo-tang) est un cahier fait de papier cartonné servant à assembler de multiples feuilles de papier à l’aide d’attaches parisiennes de métal dont l’on plie les deux pattes.